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Quel est l'avenir du SUP Race en France avec nos jeunes ?
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Quel est l’avenir du SUP Race en France avec nos jeunes ?

Comment la France peut-elle faire pour aider et motiver la jeune génération à pratiquer le SUP Race dans les années à venir ?
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Depuis que je passe plus de temps sur les compétitions, une chose évidente est apparue … Où sont nos jeunes riders français dans les compétitions de SUP Race ? Là où ce fut encore plus flagrant, c’est lors de la GlaGla Race 2022. Non pas qu’il n’y avait pas de jeunes, mais il n’y avait presque pas de jeunes français. Et cela vis à vis des jeunes européens. Pire, on a vu les Espagnols débarquer en nombre et avec un très bon niveau. Depuis quelques années, j’ai la chance de travailler en collaboration avec la Fédération Française de Surf et les choses bougent. Mais bougent-elles assez vite vis-à-vis de nos voisins européens ? Alors qu’aujourd’hui nos français brillent à l’international, où est la nouvelle génération de sportifs de haut niveau ? Pour m’aider à y voir plus clair, j’ai demandé l’avis sur le sujet au shaper Patrice Remoiville et au rider et responsable d’une école de surf Greg Closier. Sans oublier Amaury Dormet de l’Ocean PaddleCamp.

Patrice Remoiville, toi qtoi qui fabrique des planches de SUP Race en France, comment peux-tu aider à ton niveau et motiver des jeunes à se mettre à cette discipline ?

En tant que fabricant de planches de SUP, je me sens très concerné par l’avenir de la pratique. Si les compétitions devaient petit à petit disparaître, faute d’organisateurs, de participants et de sponsors en nombre suffisant, l’activité de 3 BAY PADDLE serait forcément impactée. Mon constat est qu’il n’y a pas, ou peu, de structures en club adaptées à la pratique des jeunes en compétition. Il n’y a pas non plus, ou peu, de planches et de pagaies adaptées aux jeunes. Disons de 7-8 à 14 ans, environ. Il faut bien comprendre que si un jeune doit pagayer sur la planche d’un adulte, il ne peut ni être autonome pour la mise à l’eau et le portage de sa planche. Ni être efficace à pagayer dans le vent. Il ne prendra pas de plaisir car il sera beaucoup trop stable et sans réel fun à ramer. Au bout de 5 minutes il en aura terminé et souhaitera se mettre à un autre sport.

Shapes-tu ce genre de planche de SUP Race ?

Mon rôle est donc de designer du matériel adapté. Et de le fabriquer à un tarif raisonnable pour pouvoir le proposer aux parents et aux clubs. J’ai fait depuis presque un an des propositions en ce sens à la Commission SUP de la FFS. Mais je n’ai jamais reçu la moindre réponse. Je ne propose pas une monotypie d’un modèle de ma marque en particulier. Mais plutôt un concept de design et fabrication simple et peu coûteux. Ni fibre de carbone, ni de pont creusé nécessitant des tubes d’évacuation d’eau, ni décorations complexes, etc. Mais plus une planche avec une jauge facile à vérifier, une fois par an, sur les compétitions fédérales. Je propose une board d’une longueur max de 11’, largeur minimale d’environ 20’’. Et pour obtenir un tarif abordable, interdiction de la fibre de carbone pour la planche et l’aileron. Respectant cette jauge, ces « KID SUP RACE » pourraient être fabriquées et commercialisées par n’importe quel fabricant professionnel ou amateur. J’ai mis ce modèle à mon catalogue et je l’apporte dans tous mes déplacements pour les faire essayer et promouvoir mon idée.

Vous pouvez retrouvez plus d’informations à ce sujet dans l’article : SUP Race pour les enfants 3Bay Paddle

Greg Closier

Grégory Closier, si je ne me trompe tu gères une école de surf. Et comme beaucoup d’écoles de surf, tu dois avoir beaucoup de jeunes. Par contre, au niveau du paddle, on n’en a presque pas, voire pas du tout. Dans un premier temps, quelle en est la cause à ton avis ?

Salut tout le monde. Effectivement, cela fait 15 ans que j’ai créé mon école de surf Sweet Spot Surf. Il s’agit d’une structure privée mais labellisée FFS. Cela me permet d’être autonome dans mon fonctionnement. Nous proposons différentes formules dont un centre de perfectionnement. Je suis fier d’avoir formé de très bons athlètes comme par exemple Benoit Carpentier. Selon moi, le SUP n’a pas su se développer, notamment à cause des marques qui ont privilégié une vision à court terme en quête de rentabilité. Cette vision à court terme a fortement limité le développement, au point d’avoir maintenant des boards de race à 3 800 euros.

Il faut des planches de SUP Race en France pour les jeunes ?

Oui, il faudrait, car cela n’est pas trop tard. Il faut miser sur les jeunes en proposant des boards spécialement conçues pour eux à moindre coût. Il faut des SUP race performantes et “sexy”. La FFS a également son rôle à jouer en mettant en place un projet de développement ambitieux !

Tu as un plan de développement à nous proposer ?

Oui, proposer (soit via la FFS, soit via des partenaires privés) des packs sup kids (board/pagaie) pour que les clubs, ligues, structures privées, associations scolaires (unss, ugsel) puissent s’équiper. Ensuite, proposer un modèle économique style Ecole Française de SUP Race afin de voir des structures sur tous les plans d’eau de France. Puis, lancer un circuit kids race avec des formats ludiques : circuits local/dep/régional/national. Inviter/impliquer les athlètes de l’équipe de France sur ces étapes kids pour donner envie aux jeunes, faire rêver ! Avoir une véritable communication pertinente avec des vidéos, etc … Proposer ce plan au niveau européen et international. Et enfin, faire des compétitions scolaires, unss, ugsel (promotion du sport, détection), sans oublier les formations d’entraîneurs.

ocen paddle camp SUP Race en France

Amaury Dormet, toi qui gère l’Ocean PaddleCamp, vois-tu passer des jeunes lors de tes stages.

Salut Stéphane et bonjour à toute la communauté SUP Passion. Je développe ma structure d’entraînement Océan PaddleCamp depuis Salut Stéphane et bonjour à toute la communauté SUP Passion. Je développe ma structure d’entraînement Océan PaddleCamp depuis maintenant 5 ans. Les jeunes que j’entraîne sur mes stages chaque année se comptent à peine sur les doigts d’une main, c’est très peu ! Pourtant le programme SUP Race Océan est très ludique et nous appliquons des tarifs jeunes. Ce sont des tarifs adaptés pour les former à être de futurs compétiteurs. Mais comme beaucoup, je suis forcé de constater que les jeunes ne font pas de SUP Race ! Le dernier championnat de France FFS “eau intérieur” à Vassivière est assez représentatif de la situation. Un championnat qui se veut ouvert et particulièrement aux jeunes. Sur 88 compétiteurs (homme et femme) seulement 24 ont moins de 36 ans dont 5 en cadet/junior. Et concernant les 5 participants moins de 15 ans, ils sont passés sous les radars de la communication de ce championnat. Bref à la remise des récompenses les deux tiers des titres de Champion de France ont été attribués aux catégories Master à Grands Kahunas …

Alors qu’est ce qui bloque ?

Je pense que le soucis vient uniquement du fait que nous n’avons pas de modèle économique global sur la catégorie jeunes. Il en faut pour financer le renouvellement des pratiquants du SUP Race. L’Espagne est actuellement pris en exemple sur son développement concernant les jeunes catégories. Mais il y a simplement des coachs qui gagnent leur vie en encadrant, en entraînant des jeunes sur des plans d’eau flat et dans les vagues. En France l’activité SUP en loisir est très largement développée pour les jeunes avec ou sans encadrement. Beaucoup d’enfants ont déjà fait du “SUP” avec leurs parents, à l’école, dans un Club de Surf, de voile ou de Kayak, à 1, à 2, à 8 sur une planche gonflable plus ou moins rigide, plus ou moins bien gonflée, avec ou sans pagaie. Mais aucun n’a découvert le sport SUP Race en plan d’eau intérieur et océanique.

Il faut des encadrants spécialisés en SUP Race en France ?

Les jeunes ne font pas de sport ” tous seuls ” comme les adultes. Ils ont besoin d’être en groupe encadré par des coachs professionnels, comme dans tous les autres sports. De plus, je pense qu’il y a une confusion concernant les diplômes permettant d’entraîner. Tous ceux qui pensent devenir entraîneurs avec un BP voire même un BIF en poche se trompent. Depuis la réforme de 2016 concernant les diplômes d’encadrement du sport en France, seuls les diplômes d’état (en remplacement du Brevet d’état) sont reconnus pour entraîner contre rémunération. En plus des compétences spécifiques à l’encadrement d’un sport, un entraîneur doit avoir validé des connaissances en anatomie, en biomécanique du geste, en physiologie et en psychologie du sport. Il doit être capable de mettre en place une stratégie de planification, une analyse vidéo technique correcte. Toutes ces connaissances sont importantes pour bien former les jeunes compétiteurs. Et tous ces contenus ne sont pas au programme ni du BP ni du BIF qui par contre forme des pédagogues qui encadrent en sécurité et animent l’activité.

Et la Fédération Française de Surf alors ?

La Fédération Française de Surf est la fédération délégataire du SUP Race en compétition. Elle vient d’obtenir le statut haut niveau du ministère. C’est pour moi le moment de tout construire pour les jeunes, de former des entraîneurs, de monter la filière haut niveau avec des centres de formation, structures sportives, pôle espoir, pôle France, etc. De plus, nos jeunes pratiquants moins de 15 ans n’ont pas de support adapté pour pratiquer en compétition. Aujourd’hui le matériel est trop cher et/ou pas assez compétitif pour équiper les jeunes. Quand il y aura un véritable modèle économique global sur les jeunes avec une employabilité des coachs, je ne doute pas que certaines marques chercheront à vendre des planches.

Comment pour toi peut-on motiver les jeunes à se mettre au paddle ?

Je pense que la France a un très beau potentiel pour développer la pratique SUP Race chez les jeunes. OK nous avons pris du retard sur l’Espagne mais nous avons des athlètes, des entraîneurs et des compétences spécifiques qu’il faut valoriser rapidement. Et si on regarde du côté des USA, ils organisent des courses de SUP Race dans des vagues de plus d’un mètre pour des petits gamins avec des casques. Notre fédération a un très gros travail de formation d’entraîneurs et de définition du modèle de développement jeune SUP Racer à mettre en place. On espère tous que les bons choix seront fait au niveau national, régional et départemental.

En conclusion

Pour résumer, des solutions pour le SUP Race en France, il y en a. Il faut que les Fédérations agissent de manière concrète et rapide pour mettre en place ce qui se fait dans les autres sports. Ensuite, il faut rapidement un diplôme spécifique pour encadrer le Sup Race. Je sais que les démarches administratives en France sont longues, mais il en va de l’avenir de la pratique sportive du stand up paddle. Et enfin, proposer du matériel adapté pour les écoles et les particuliers à un prix raisonnable. Si toi aussi tu as  des idées et des propositions, n’hésite pas à les proposer dans les commentaires.

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