Salut Ingrid, peux-tu nous expliquer ce qu’est le Paddle Raid ?
Le Paddle Raid n’est rien de moins qu’un challenge délirant et inédit. Le projet a germé en 2015 dans la tête d’une bande de copains marins. L’année dernière, la traversée était déjà programmée. Malheureusement, celle-ci n’avait pu se concrétiser, faute à la météo capricieuse. Il faut dire qu’à la pagaie, ces presque 200 km de traversée entre le continent et la Corse, demandent quelques 40 heures, à une vitesse de croisière d’environ 5km/h. L’effort est là, même s’il est partagé par 4 riders dans chacune des équipes.
Pourquoi te lancer un tel défi ?
Je ne me suis jamais dit que cela était un défi, mais quelque chose à faire ! Nous étions 4 par équipe, donc facilement réalisable si la mer reste calme. Ceci-dit le début a été un peu mouvementé, du coup mes co-équipières ont eu ce fameux “mal de mer” et j’ai ramé beaucoup plus que prévu : j’ai ramé environ 17 heures et parcouru plus de 100 km c’est-à- dire la moitié de la traversé, mais cela ne m’a pas dérangé, j’étais même super contente de ramer davantage !
Comment t’es-tu entrainé ?
Je rame régulièrement (mais pas vraiment assez à mon gout), je participe à quelques races, une semaine avant, je faisais la Dordogne intégrale. J’étais la seule femme à y participer et je suis arrivée au bout de ces 130 km en 12 heures environ, c’était génial, un paysage magnifique et une super ambiance !
Qu’est ce qui fut le plus dur ?
L’arrivée certainement, pour deux raisons :
– le vent s’est levé (entre 17 et 21 nœuds environ) et j’ai dû pagayer plus de 2h30 du même côté et lutter pour garder le cap car ce vent me percutait à tribord, et en SUP le vent de côté c’est le plus désagréable.
– et puis toucher terre, se dire que c’est fini. Arriver au port de Calvi et retrouver la foule de la ville, ses bruits, la civilisation…j’ai beaucoup de mal avec ça.
Et le meilleur moment ?
J’ai presque envie de dire… TOUT ! Ramer en pleine mer, être ce petit point sur l’eau au milieu de nul part, et admirer les levers et couchers de soleil sur la ligne d’horizon, voir un lever de lune rousse sur la mer, c’est juste magique ! Ne rien avoir à faire, juste ramer et regarder le moindre détail des ondulations de la mer, parler aux dauphins, croiser un poisson-lune ou un groupe de globicéphales, se demander où vont les vélelles croisées en chemin…et puis il y a la nuit, ramer au clair de lune, voir des ombres passer sous sa planche, c’est intrigent…
Évidemment, ramer avec des dauphins qui jouent autour de mon stand up paddle a été intense aussi t inoubliable.
Autres choses à ajouter ?
Cette belle aventure n’était pas organisée que pour sa simple beauté. Ce Raid était aussi destiné à récolter des fonds, par le biais des inscriptions, et par des appels aux dons pour “Le chant des dauphines”. Cette association permet aux enfants handicapés, autistes, ou plus largement souffrant de difficultés relationnelles, de partir à la rencontre des dauphins et s’épanouir à leur contact. Autre engagement de notre part, l’environnement. Très fréquentée, la zone maritime entre la Côte d&’Azur et la Corse est particulièrement sensible. En conséquence, nous avons ramassé les détritus à la dérive que nous avons croisé.
Et puis dernière chose, j’y ai rencontré des personnes formidables, mes co-équipières corses Carine, Gigi et Anne-So, les autres riders, les organisateurs, les skippeurs, notamment Stéphane et Dominique qui nous ont accompagnés. Tous des passionnés de la mer et du paddle. On oublie jamais une traversé comme celle-ci et encore moins les personnes avec qui on l’a faite.
Merci Ingrid et à très bientôt afin de suivre tes futures aventures.