Salut Frédéric Lenoir, pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore et nous raconter ton parcours ?
Bonjour, donc je suis Frédéric Lenoir et je suis dans ma 55ème année. J’ai fait pas mal de compétitions dans différents sports mais principalement dans l’escrime. J’ai commencé les compétitions à l’âge de 6 ans. J’en ai fait à peu près pendant 35 ans, donc à un très bon niveau. Ensuite, pendant ce temps-là, j’ai fait pas mal de courses à pied, en complément de l’escrime. Tout ça m’a vraiment donné l’esprit de compétition, le mental mais aussi l’envie de se dépasser. J’avais des entraîneurs sportifs à l’ancienne, rudes. Puis, j’ai fait quelques sports de contact : boxe thaï, krav maga.
Et puis finalement, je me suis mis au SUP en voyant passer des gens sur la Seine. Avec ma copine, on s’était dit que ça pourrait être sympa de se balader les week-ends, puisqu’on n’habite pas loin. On a acheté deux paddle gonflables, puis j’ai rejoint un petit groupe de potes qui en faisaient le matin de bonne heure. J’ai tout de suite accroché avec l’envie d’améliorer ma technique. Mais aussi de comprendre comment tout ça fonctionnait, les différents matos, les shapes, etc. J’ai donc acheté ma première rigide. Avec, j’ai fait une compétition où je m’en suis pas mal sorti malgré une planche qui n’était pas forcément la mieux. Après je t’ai rencontré Stéphane et l’ACBB, je me suis inscrit au club et j’y ai appris pas mal de techniques de rame. Et comme j’ai l’esprit de compétition, j’ai chopé le virus du SUP race.
Je ne fais pas toutes les courses parce que j’ai aussi une vie professionnelle, une vie familiale et j’ai trois enfants. Par contre, je m’entraîne pas mal. Je fais 45 minutes de musculation tous les jours et je m’entraîne quand je peux, une ou deux fois par semaine. Et le week-end.
Qu’est ce qui aujourd’hui te plaît dans le SUP ?
Je n’étais pas habitué aux sports de glisse mais le stand up paddle a été une découverte. Le sport m’a plu tant sur l’engagement physique, tactique que sur le mental. J’y retrouve vraiment toutes les valeurs du sport d’endurance avec comme différence une totale liberté de naviguer dans un espace peu contraint. Il fait beau, je vois des vagues ou autres, je mets le paddle sur le toit, j’y vais, je reviens et ça, ça me plaît. Un peu comme la course ou le vélo, tu mets tes baskets, tu y vas, tu te fais plaisir et le sentiment de liberté est très important. Par contre ce qui change par rapport à d’autres sports, c’est qu’on est sur un élément naturel pour lequel on n’est pas forcément fait pour.
C’est parfois complexe, le tangage, les courants, le vent donc je trouve que ça reflète plutôt bien la vie. Tu peux être à contre-courant, lutter contre le vent, lutter contre la marée, lutter contre les vagues de côté et à l’inverse tu peux être porté par les éléments, le vent, les vagues donc ça, c’est comme une allégorie à la vie. Parfois tu fais du 10 km/h parce que tu as le courant avec toi, mais parfois à l’inverse tu es à 4 km/h et ça, ça rend humble ! Quand je suis à ma maison, à la Rochelle, il y a certains courants qui secouent pas mal parfois et que je ne trouve pas sur la Seine. Donc c’est très diversifié, très vivant et c’est un vrai bonheur. Franchement, quand tu es sur une planche de stand up paddle, tu revis.
Et justement, tout cet entraînement et tout cet attrait pour le sport de glisse que tu viens de décrire, est-ce que ça t’a donné envie d’essayer d’autres de ces sports ? Le foil, le surf, etc ?
Oui, alors le surf j’en avais fait une fois en famille. J’avais galéré, mais maintenant que je fais de la proprioception, j’aimerais en refaire. Il se trouve que du côté de la Rochelle, il y des petits spots de surf, donc ça c’est un projet que j’ai. Après avec une voile, je suis moins à l’aise, donc pour l’instant non. Le foil, le SUP foil pourquoi ne pas essayer oui. Mais pour l’instant je suis encore dans le SUP, je m’éclate bien. J’essayerais bien le surf mais sinon pas de projets de wing foil ou autre.
Depuis combien de temps pratiques-tu le SUP ?
J’ai commencé il y a 5 ans.
Donc tu as commencé le SUP en voyant les autres faire sur la Seine, qu’est ce que tu peux nous dire des rides sur la Seine ?
Oui forcément, c’est le plus pratique, j’habite à Issy-les-Moulineaux, donc c’est ce qu’il y a de plus près. Il y a des boucles de 10/12 km, le paysage au bout d’un moment est un peu monotone mais il y a des coins sympas. Après bien sûr, il faut faire attention aux péniches, aux ponts, il faut partager. Donc j’y vais à des heures où il n’y a pas trop de monde, je suis assez matinal. Franchement la Seine des fois j’en parle avec des amis, ils me disent “mais tu tombes des fois ?” et je dis oui mais bon, je n’ai jamais été malade pour autant. Je n’ai jamais chopé de boutons ou de diarrhée en tombant dans la Seine.
C’est un endroit qui est très sympa et il y a d’autres endroits sur la Seine encore plus sympas. Sinon, je vais sur certains lacs et depuis quelques mois à la Rochelle où les conditions océaniques sont aussi agréables.
Est ce que tu peux nous parler de ta routine d’entraînement et de ton Homespot ?
Je m’entraîne autour de l’île Saint-Germain. Il y a un tronçon autorisé, puisque les sports de rames sont interdits dans Paris. Il part d’un bout de l’île jusqu’à l’A13. Ma boucle fait une dizaine de kilomètres. Je fais aussi une partie un peu plus calme, plus exposée. C’est le grand bras de la Seine, il y a parfois de belles vagues avec le vent et les péniches. On ne s’en rend pas compte comme ça, mais ça peut pas mal bouger sur la Seine. Pour mes entraînements j’alterne, je ne fais pas des ultras longues distances, ce n’est pas quelque chose qui m’attire. Je fais des distances de 12 à 18 km, c’est ce qui me convient le mieux. Mes entraînements, ça va être du fractionné, un peu comme en course à pied. Je fais des virages, des départs sprint puisque c’est super important.
Effectivement tout seul, on peut moins se bouger que quand on est à plusieurs. Mais bon, avec un programme simple et une montre ça le fait bien. Après des séances où j’alterne sur 1 km rythme soutenu etc, j’essaye de reproduire les conditions d’une compétition comme à vélo. Là où on “suce la roue” à vélo, ici c’est du drafting, on bourrine pour rattraper le petit groupe devant soi. Donc pour ça, il faut s’entraîner parce que quand on a 4/5 km dans les bras, il faut être en capacité d’accélérer pendant peut-être 5 minutes pour se mettre dans le sillage, drafter et continuer. Donc ça, c’est des entraînements spécifiques au niveau du cardio. Peu importe le paysage, je m’entraîne. Je vois le plan d’eau, le paysage pas trop donc sur la Seine ou ailleurs ça ne change pas grand chose.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ton club, l’ACBB ?
C’est un club super sympa, c’est un club de kayak à la base avec une section SUP. Il y des amateurs éclairés on va dire et des gens qui se prennent à la compétition. Ce ne sont pas forcément des petits jeunes de 20 ans, cela peut être des petits jeunes de 50 ans donc ça m’a assez surpris. On se motive entre nous, on est un petit groupe de compétiteurs de différents niveaux, Laëtitia Lezer notamment. Il y a une émulation qui se crée aussi. Il y a des créneaux qui sont ouverts. Il faut être disponible sur ces créneaux et on s’entraîne en fonction des capacités de chacun. Moi je m’entraîne pas mal seul parce que j’ai un esprit assez indépendant. Si je suis debout à 6h30, je prends ma planche et je vais ramer.
C’est un très bon club, très sympathique, qui commence à ramener quelques médailles. On a des infrastructures quasiment les pieds dans l’eau, du matériel pour ceux qui n’en ont pas, du paddle rigide, gonflable, de l’espace de stockage, etc. Très bon souvenir l’année dernière où on a réservé un AirBNB à 6 pour la Glagla Race à Annecy. On a pu partager de supers moments ensemble. Tout ça permet d’apprendre à se connaître. C’est un sport où il y a une super ambiance même avec les élites françaises qui restent très abordables. Sur l’eau c’est la compétition, cependant avec l’obligation d’assister une personne à côté de soi, un principe de base du SUP. Une fois la course terminée, c’est de nouveau les embrassades et la convivialité. On trouve un état d’esprit particulier que je n’ai pas retrouvé dans d’autres sports, y compris en compétition.
Sur quels matos rides-tu, il me semble que tu changes beaucoup de planches, pourquoi ?
C’est comme les chaussures de courses à pied, avant de savoir si on est mieux dans des Nike ou des Reebok, il faut les essayer. Et le problème, c’est que quand on est dans un endroit où il y a beaucoup de rameurs, comme dans le sud ou en Bretagne, là on peut essayer sans acheter. Tandis que sur Paris, on est quand même assez limité. Donc ce n’est pas toujours possible d’essayer la planche que l’on veut. C’est un peu par tâtonnement que l’on cherche la bonne planche. Au début comme tout le monde on fait des erreurs, la pagaie trop longue, trop courte, la planche trop étroite. Tu pensais gagner en vitesse mais en fait, tu en perds parce que tu es moins stable alors tu fatigues plus sur les jambes. Il y a un auto-apprentissage qui doit se faire et donc il faut essayer, acheter, revendre.
Là, j’ai réussi à stabiliser et puis financièrement, il faut que je stabilise aussi. Récemment je me suis acheté une Sprint Starboard, c’est ma planche fétiche, je la trouve géniale. C’est une Sprint de 2018 donc franchement super planche en 23 pouces. Je ne descendrai pas en dessous de 23 pouces de largeur parce que bon je fais 1m80, 77 kg. J’ai plus 20 ans, donc je pense que c’est la largeur en dessous de laquelle je ne descendrai pas. J’avais acheté à un copain une JP Australia, une planche de downwind que j’ai emmenée sur la Rochelle. Et pour Paris, je me suis acheté une Starboard Allstar 2021 avec laquelle j’ai fait la première course il y a 15 jours en Bretagne. Pour la prochaine, mon choix se portera sûrement sur la FlatWater de 3Bay, une bonne marque française.
Où pourrait-on te croiser prochainement et quel est ton objectif de cette demie année restante ?
Prochaine course, j’ai la TransPaddle à Trouville en septembre. Ensuite fin septembre, il y a le Fort Boyard challenge évidemment près de la Rochelle j’y vais. Après, on a la Traverseine, course mythique pour les Parisiens qui est mi-septembre, je l’ai gagnée l’année dernière alors pour un nouveau challenge je la fais en tandem avec toi Stéphane. Il faut choper le bon rythme, en synchro, mais ça peut être sympa. Puis, les championnats de France en eau intérieure à Lyon mi-octobre. Enfin il y aura la Nautic en fin d’année à Paris
Merci Fred et à très vite sur l’eau.
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