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Le Groenland à la rame et en stand up paddle pour Ingrid Ulrich !
Photo : Carine Duflos
Voyage

Le Groenland à la rame et en stand up paddle pour Ingrid Ulrich !

Notre Sup Addict Ingrid Ulrich s'est donnée comme nouveau défi d'aller explorer le Groenland en stand up paddle .
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Nous avons profité de sa venue à la GlaGla Race d’Annecy afin de lui poser quelques questions sur cette nouvelle aventure.

Le Groenland à la rame et en stand up paddle pour Ingrid Ulrich !

Bonjour Ingrid, alors pourquoi le Groenland et pourquoi ce nouveau défi ?
Tout simplement parce que c’est mon rêve d’enfant, les expéditions polaires m’ont toujours fasciné, mais je me disais toujours que cela était pour les autres. Puis j’ai grandi, et la vie d’adulte ne m’a pas gâté. Je vais faire court, je ne veux pas que l’on s’apitoie sur mon sort, ce que j’ai vécu m’a permis de devenir qui je suis aujourd’hui et d’être enfin moi-même. Quelques fois je me dis même que j’ai eu de la chance d’avoir vécu cette vie. Sinon j’aurais peut-être attendu que ma vie passe, en me disant que je n’étais pas capable de réaliser mes rêves.
Enfermée pendant 10 ans auprès d’un mari violent, j’avais perdu toute confiance en moi. Puis une chute de cheval, un an de fauteuil roulant, et le doute de ne plus pouvoir marcher normalement, m’ont permis de développer certaines qualités : ne jamais, jamais abandonner. Une fois mes jambes retrouvées et cet homme éloigné, j’ai repris mes activités sportives. Mes défis sportifs étaient dédicacés aux femmes maltraitées, subissant des violences conjugales, pour leur montrer que l’on peut s’en sortir, changer de vie, même seule et avec des enfants. C’est lors de mes expéditions en solitaire que j’ai repris confiance en moi. Je ne devais compter que sur moi-même que ce soit en mer, dans la forêt ou au sommet d’une montagne.
Puis un autre défi c’est imposé dans ma vie : un cancer. Ablation d’un sein, chimiothérapie, perte des cheveux, radiothérapie et c’est toute la féminité qui fout le camp, un coup dur, très dur. Mais qui aujourd’hui me fait revenir encore plus forte et encore plus déterminer à réaliser mes rêves, même les plus fous. Et je vais y arriver !
Je serais donc la première femme à ramer et à explorer le Groenland en stand up paddle. Un symbole aussi, pour tous ces sportifs, atteins d’un cancer, qui se demandent s’ils vont pouvoir continuer leur passion. Aujourd’hui c’est donc aussi aux femmes et aux hommes atteints d’un cancer que je m’adresse. Une activité sportive régulière vous permettra de mieux supporter les traitements, et pour les plus sportifs d’entre vous, n’arrêtez jamais, vous connaissez mieux votre corps que quiconque. Vous avez encore des rêves à réaliser, des voyages à faire, des aventures à vivre. Alors ne lâchez rien.

Quels sont les autres démarches liées à ton aventure ?
A travers cette aventure, je sensibiliserais à la nécessité de protéger la nature et à l’impact du réchauffement climatique. J’aborderais aussi les conséquences d’un environnement dégradé sur le corps humain (le développement des maladies dues à la pollution, au mode de vie, à l’alimentation…) en comparaison avec celui du peuple inuit.
C’est aussi un dossier pédagogique. Plusieurs classes du Collège Dalzon du Grau du Roi (30) et la section sportive « Mer et Environnement » suivront l’aventure tout au long de l’année 2018 en intégrant celle-ci sous forme de conférence : dépassement de soi, la maladie, découverte d’un peuple, du milieu marin, le respect de l’environnement.

Et tu vas faire cela en totale autonomie ?
Oui … Plus la durée est longue, plus je m’éloigne de village habité, plus je dois être prête à affronter l’isolement et ne compter que sur moi-même. Si, en cas de souci, le rapatriement est « facile » lorsque je suis proche d’un village habité, il devient très vite une aventure lorsque le premier village est à plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres…Les secours sont lents à arriver, de fait je dois être conscients que je suis quasi la seule à pouvoir me sortir de mon mauvais pas, à moins que des ours ou des phoques amènent des chasseurs jusqu’à moi !

Comment vas-tu t’équiper au niveau sécurité ?
Je serais équipée d’une balise de détresse Geotraceur, qui en cas d’extrême urgence, permet l’intervention du moyen de secours le plus approprié. Mais le délai peut varier de quelques heures (s’il s’agit d’un hélico ou d’un avion) à plus d’un jour (s’il s’agit d’un bateau). Pour ma sécurité et afin de pouvoir communiquer avec ma famille j’ai décidé d’emporter un téléphone satellite Iridium. Le réseau Iridium est le seul réseau de communication satellitaire avec une couverture mondiale incluant les pôles, ce qui nous garantit une bonne couverture en baie de Disko. J’aurais une carte prépayée d’une validité de 30 jours, offrant 75 minutes de conversation, avec possibilité également d’envoi de sms (pour 1/3 du tarif de téléphonie à la minute). Pour mes proches, possibilité de me contacter gratuitement par sms, via internet. De cette manière je pourrais recevoir régulièrement des sms d’infos météo.

Quels sont les principaux dangers que tu vas rencontrer ?
En premier les Icebergs. Connaître l’horaire des marées ne suffit pas pour savoir où planter votre tente. Une règle d’or dans les régions arctiques où se trouve de « gros » icebergs (ou proche d’un front glaciaire) est de ne jamais rien laisser trainer sur la plage. Ni tente, ni Sup, ni sac, au risque de les voir disparaître à jamais, ou pire si vous êtes dans votre tente en train de dormir. Il faut savoir en effet que les icebergs (et les fronts glaciaires) sont « vivants ». Ils craquent, s’affaissent et se retournent, provoquant des déplacements d’eau énormes, entraînant des petits tsunamis qui remontent de plusieurs mètres sur la grève et embarquent tout sur leur passage. Il est donc nécessaire de remonter tout le matériel, y compris le Sup (portages matin et soir), de plusieurs mètres (au-dessus de la ligne de végétation au minimum) tous les soirs, et la tente doit être plantée assez haut pour ne pas subir les assauts d’une vague potentielle. Il faut savoir écouter la musique des icebergs. Souvent ils produisent des sons avant de se briser (craquements, grondements, sons cristallins). De même de petits fragments commencent à se détacher avant la chute des plus gros blocs. Ces signes doivent mettre en alerte. Comme règle empirique de navigation, il est recommandé ne pas s’approcher à une distance inférieure à 2x la hauteur d’un iceberg et à 4x la hauteur d’un front glaciaire. Cette règle n’est bien sûr pas absolue et dépend des conditions locales. Et bien sûr il est tout sauf recommandé de traverser sous une arche ou de pénétrer dans une grotte, même si parfois la tentation est grande.
Ensuite il y a le vent catabatique qui signifie un vent “descendant la pente”. C’est un vent gravitationnel produit par le poids d’une masse d’air froid (plus dense et plus lourd) dévalant un relief.
Puis les Brasch, ce sont ces amas de petits glaçons qui bloque tout. D’où la difficulté d’avancer rapidement, surtout qu’un glaçon trop pointu ou un bout de glace trop aiguisé pourrait percer le paddle et me conduire droit dans le scénario du Titanic !
Puis enfin les derniers dangers mais dont la probabilité est moindre :
– Se faire manger tout cru par un ours polaire (ils sont plus au Nord ou sur la côte Est)
– Se noyer après avoir pris un coup de queue de baleine ou autre gros poisson.
– Plaire au Yéti et se faire enlever à jamais dans son igloo.

Comment peut-on t’aider ?
Vous pouvez m’aider financièrement et pour mon association grâce à une cagnotte sur leetchi.com

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