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Récit féminin de la Dordogne Intégrale en stand up paddle

Faire la Dordogne Intégrale, Ingrid Ulrich1 l'a fait soit 130km en 12 heures et 51 minutes de rame, c’est long, éprouvant mais tellement plaisant !
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Sa seule inquiétude était de ne pas réaliser la distance dans le temps imparti. Elle s’est dit que 130 Km elle pouvait le faire, mais en combien de temps, elle nous raconte.

Vendredi 6 mai
Direction La Dordogne, au passage j’embarque Vincent Sultana (Team Sud de France). On parle de ses podiums, de son avenir et de la vie. Il me motive, mais j’entends bien dans ses paroles qu’il doute de mes capacités à réaliser l’Intégrale, ces 130 km, et de plus avec une gonflable. Arrivée sur les lieux, je retrouve quelques amis et d’autres connaissances, dont certaines n’étaient que virtuelles ! C’est juste génial de mettre un vrai visage et une voix sur ces personnes rencontrées grâce à Facbook (et un petit clin d’œil au passage à Christian, Patrice, Olivier, Franck, et Stéphane !) On prend tous la navette pour remonter au départ, ça rigole dans tous les sens, l’ambiance est cool. Je commence à réaliser que je suis la seule femme en stand up paddle et je vois ces kilomètres de rivière qui défilent le long du bus. Mais cela ne m’inquiète pas plus que ça, je sais que ma place est ici !

Samedi 7 mai
Levée à 5 heures : petit déjeuner, repliage de tente (celle qui se déplie en deux secondes mais dont il faut avoir fait des études supérieures pour la replier ! lol), préparation du matos (pour cette course je serais sur une Gong Couine Marie Race 12’6 Gonflable), j’enfile le dossard 59 et c’est parti !
6H45 : C’est le départ ! Et ça envoie direct ! Les énervés de la pagaie disparaissent rapidement devant moi…Florent, Franck, Olivier et Vincent sont déjà loin devant ! 20 minutes plus tard, je me fais prendre par un contre et je fais ma première chute, ça ravigote ! Je rame au côté de Mathieu, qui est sur une Gong aussi mais rigide ! 20 bornes plus tard, ma dérive heurte un rocher, je fais un vol la tête en avant et replouf ! Derrière moi, il y a d’autres Sup, je me dis que je ne suis pas si nulle si d’autres sont derrière ! Ca me booste ! Et puis là, que dire ? Et bien j’ai ramé, ramé, ramé et ramé encore…Raaaah certains puristes (ou kayakistes) vont me reprendre, il faut peut-être dire : j’ai pagayé, pagayé et pagayé encore ! Bref j’ai fait travailler mes bras quoi ! Je fais mon premier arrêt au 2nd ravitaillement (à 40km environ). Le soleil est là, il est temps d’enlever une couche et de me recharger en eau.
De plus, cet arrêt est obligatoire par un portage. Je mange 2 ou 3 barres et une banane et je remonte sur ma planche. C’est reparti pour ramer et ramer encore, ça tombe bien j’aime ça ! J’aperçois le 3eme ravito mais je ne m’y arrête pas. A partir de là, je perds un peu la notion du temps et des kilomètres…je n’ai pas de GPS et je ne sais pas où j’en suis, j’ai l’impression de ne pas avancer, et de planter ma pagaie dans du béton ! L’eau est dure ! Oui oui ! Je vous assure ! Je me suis fixée un arrêt au 4ème ravitaille, c’est-à- dire au kilomètre 85 et je ne le vois pas arriver !

Récit féminin de la Dordogne Intégrale en stand up paddle

Au loin j’aperçois deux stand up paddle, c’est cool je me dis que je ne vais plus être seule et que j’en ai rattrapé ! ou que eux on faiblit… au choix. J’y suis ! Ce fameux kilomètre 85 dont Patrice Remoiville m’a parlé, c’est ici qu’il a arrêté la course l’année dernière. Je retrouve à ce ravitaillement Christian Hermouet et Olivier Drut, c’est bon de les voir ! On rigole un peu. Cependant je m’interroge sur la possibilité de pouvoir finir les 130 km dans les temps, mais Christian et Olivier me rassurent fortement ! Encore merci les gars !
On repart, plus que 45 km ! Le vent s’est levé, j’alterne entre la position debout et à genoux selon les rafales de vent…je m’assoie quelques fois pour décontracter mes muscles, mes jambes. Je me dis qu’à cette heure, les plus forts sont déjà arrivés et je suis convaincu que dans leur tête ils se disent tous « Ingrid ne fera jamais les 130 km » mais ça me motive, car je vais les faire ! Je pense aux merveilleux voyages qu’ont réalisé certains d’entre eux et je m’évade à travers leurs aventures, j’en oublie même que je rame.

Je pense notamment à Hervé Bouty qui a fait le tour du monde avec son Kayak, et vaincu le sommet de l’Aconcagua en solitaire, à Lionel Mougin qui détient le record de tour de Corse à la rame, à Patrick Lamarre, qui est le spécialiste des courses extrêmes et longues distances en tout genre… Des personnes simples, humbles, qui donnent envie de poursuivre ses rêves et d’amener à bout ses propres projets…et des projets j’en ai justement plein la tête ! Et pendant une longue course comme celle-ci on a le temps d’y J’aligne 35km sans m’arrêter. Puis je ne sais qu’elle mouche pique Olivier, mais le voilà partit comme une flèche, il rejoint Patrice et trace jusqu’à l’arrivée. Christian s’arrête au dernier ravitaillement, je décide de l’accompagner, et puis c’est tellement sympa de s’y arrêter et de rencontrer d’autres personnes qui y font aussi une pause.

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Il est 18h30, il reste 10 bornes, il faut repartir. Kevin nous rejoint. Christian et Kevin sont légèrement devant moi, il reste quelques centaines de mètres pour atteindre l’arrivée. Et là, je vois Christian, qui s’arrête pour m’attendre. C’est juste génial, il est génial ! C’est ça l’esprit du paddle et de cette course atypique ! 130 km c’est fait ! Vincent m’accueille avec un sourire monstrueux et en criant « Punaise tu l’as fait, t’es vraiment une dingue ! Honnêtement, je ne pensais pas que tu y arriverais ! Surtout avec ce vent ! » Stéphane Leblond en rajoute une couche en précisant qu’en plus je l’ai fait sur une gonflable 12’6. Je suis contente et quand même un peu fière d’être la première femme en stand up paddle à réaliser les 130 km de cette course légendaire, mais rapidement je me dis que ce n’est pas grand chose comparer au nombre de kilomètres qu’il me reste à parcourir pour découvrir les fleuves du monde entier.

Florent Dode est vainqueur en 9h50, suivi de Franck Fifils, Olivier Darrieumerlou, et Vincent Sultana. Incroyable ! Je suis impressionnée de leur performance. Quelques Sup derrière moi dont le dernier Franck, qui clôturera cette race en 14 heures. Olivier s’est arrêté à 85 km, bravo à lui, car je peux vous le dire maintenant, il faut déjà se les farcir. Maintenant une bonne bière, un bon repas, de bonnes rigolades avec les copains et une bonne nuit. Dans une semaine je suis à nouveau sur l’eau pour le Raid Paddle qui me permettra de relier Fréjus à la Corse. Une aventure qui sera tout aussi magnifique que celle-ci, mais en pleine mer et en équipe.

Je suis déjà impatiente d’y être, aventure à suivre …

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