Que se passe-t-il à Teahupoo ? Voici pour commencer le contexte. Les compétitions de surf pour les Jeux olympiques 2024 ne se feront pas sur l’hexagone mais à Tahiti sur la magnifique vague de Teahupoo. Depuis de nombreuses années, des compétitions WSL se déroulent sur le spot et à chaque fois, une tour d’arbitrage en bois et montée et démontée. Celle-ci est respective de l’environnement et fait très bien son job. Mais alors où est le problème ? Le Comité Olympique a décidé de ne pas l’utiliser et de faire autrement, voici les faits.
Construction d’une tour d’arbitrage à Teahupoo
Pour commencer, voici ce qui est prévu. La tour d’arbitrage des JO de surf a été conçue afin de répondre aux exigences de Paris 2024. Il s’agit d’une plate-forme en aluminium de 3 étages comprenant entre autres : 1 salle climatisée pour les serveurs internet et des terminaux électroniques. Ils seront alimentés par un câble sous-marin supportant une puissance de 30KVA long de 800 m, raccordé au littoral. Sera aussi prévu un 1 WC avec lavabo utilisant le même système d’évacuation que celui des avions, raccordé à une canalisation traversant 800 m de lagon pour l’arrivée d’eau et l’évacuation des rejets humains à terre.
Les options choisies par la Polynésie Française pour répondre aux exigences de Paris 2024
Une transmission d’images par fibre amenée depuis la terre par un câble sous-marin de 800 m de long. Une coque en fonte de 20 cm de large et 800m de long contenant un tuyau d’alimentation en eau, un tuyau d’évacuation des eaux usées, un câble électrique et un câble reliant la Tour des Juges et le littoral. Qu’en pense le Comité de transformation écologique des Jeux ? Est-ce innover que d’utiliser des moyens traditionnels dépassés sur le plan technologique et destructeurs de l’environnement ?
Des études de faites ?
Aucune Étude d’Impact Environnementale préalable n’a été faite, donc aucune évaluation des risques encourus par la biodiversité marine. Ni préconisation aux entreprises devant effectuer les travaux sous-marins. Aucune assurance sur la possible invasion par la ciguatera, cette algue toxique qui empoisonne le poisson et le consommateur. Cette dernière est souvent constatée à la suite de travaux d’aménagement marins. Et enfin, aucune obligation de surveillance et de suivi des impacts environnementaux n’a été prévue.
Quelles sont les conséquences envisagées ?
La mise en place de 12 plots sous marins en béton armé maintenus chacun par 3 à 6 micropieux métalliques enfoncés à 4 mètres de profondeur dans le platier corallien peut-être catastrophique. D’après la population, le risque est la fragilisation du récif, de l’effondrement à court, moyen ou long terme de la faille à l’origine de la formation de la vague de Havaè. Ensuite la canalisation marine risque d’écraser des patates de corail.
L’association fenua àihere Vai ara o Teahupoo et les surfeurs résidents de la zone dénoncent
Pour eux, il y a une absence de concertation des autorités politiques, de l’Institut de la Jeunesse et des Sports de Polynésie Française, le maître de l’ouvrage et de l’organisateur des JO 2024 Paris 2024. Sans parler des forces vives de Teahupoo; à savoir, les associations de protection de l’environnement, les surfeurs non-professionnels et les pêcheurs lagonaires. L’absence d’autorisation de construction d’un tel édifice sur le domaine maritime, donc, pas de contraintes en matière d’urbanisme et d’aménagement.
La peur de sacrifier la vague de Teahupoo pour 3 jours de compétition
Un lagon massacré par des allées et venu de barges porteuses d’engins (grue, foreuse, bétonnières) et de matériel (ferraillages, ciment, tout venant) prévues pour les travaux. Le chenal existant leur permet il l’accès à la zone concernée ou devraont-ils agrandir cette voie et déplacer les coraux ? La biodiversité lagonaire appelé à disparaître avec les habitats. Le risque d’empoisonnement du poisson qui nourrit la population locale. La faille récifale, créatrice d’une vague unique au monde menacée de disparition.
La proposition du collectif Mata Ara Ia Teahupoo
- Utilisation de la tour en bois actuelle qui a fait ses preuves en matière de solidité et d’efficacité durant plusieurs années même lors des grandes houles.
- Alimentation photo-voltaïque par centrale flottante (existe en France) ou par groupe électrogène couplé à du photo-voltaïque.
- Utilisation du Wifi pour les transmissions d’images
- Utilisation de toilettes sèches et de gel hydroalcoolique pour la désinfection des mains.
- Réduction du nombre de personnes à bord de la plate-forme des Juges à 25 personnes.
- Positionnement des journalistes et officiels à terre sur une plate-forme sur-élevée.
Gardons espoir et que la raison face que tout se finisse bien dans ce bras de fer polynésien. La consécration des dieux de l’Olympisme occidental ne doit pas venir perturber l’existence des divinités māòhi contenues dans le vivant depuis sa création. En terre polynésienne, le minéral, le végétal, l’animal, les éléments sont des émanations de TUMU NUI, la Source créatrice. A l’embouchure de la rivière Tiirahi, Taaroa vient à la rencontre de Tāne. Leurs eaux s’enlacent dans l’étreinte de la Vie lorsque souffle Huatau. Faaitoit.
Merci à Cindy Drolette de Teahupoo Tahiti Surfari pour cet article.
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