Aegir, baan, barre, benak, bono, bore, flot, guanchao, pororoca ou refoul : autant d’appellations pour désigner le mascaret, cette palpitation de la grande horlogerie qu’est la marée, qui se manifeste çà et là dans une petite vingtaine de pays. Et parmi les 78 rivières concernées par ce phénomène, encore mal compris de la communauté scientifique, la France, avec ses nombreux estuaires et ses formidables amplitudes de marées, s’affiche comme un haut-lieu de ce spectacle naturel des plus prévisibles.
Contrairement à l’éclair qu’on voit avant de l’entendre, le mascaret peut-être audible avant d’être vu. Le mascaret est l’histoire inouie d’une vague, qui peut remonter les fleuves peu profonds pendant plusieurs heures, résultante rare et fragile entre le calme du courant descendant et le tumulte de la marée montante. Naguère, la Seine subissait une barre colossale, qui provoquait naufrages et noyades. En Gironde et en Baie du Mont St-Michel, il propulse une sympathique onde déferlante, qui peut attirer des centaines de glisseurs de tout poil et des milliers de spectateurs. Et par de-là nos frontières, c’est un tour du monde qui passe par notre voisin britannique, par les hautes latitudes du Canada et de l’Alaska, par l’Himalaya fluvial qu’est le bassin de l’Amazone et enfin par les jaillissements terrifiants et inattendus de l’Asie.
” Il existe des vagues partout, tout est une question de qualité et de fréquence »
Telle est la devise d’Antony « Yep » Colas, spotologue auto-proclamé, qui, depuis 30 ans, sillonne les océans et les mers, planches de surf sous le bras. Journaliste et photographe depuis 1995, il est l’auteur de la trilogie des guides Stormrider World, le Guide du Routard pour surfers, qui ont été vendus à plus de 150 000 exemplaires dans 22 pays. Parmi les différents types de vagues, le mascaret est devenu, depuis 1998, son terrain de jeu favori. D’abord en Gironde, sur un vieux Zodiac acheté pour l’occasion, avec Fabrice, son grand frère, expert du mascaret girondin, et puis à travers le monde, lors de nombreuses expéditions, publiées dans des magazines de surf, filmées et diffusées sur Thalassa à plusieurs reprises. La découverte du bono en Indonésie en 2010 en fut la trouvaille la plus éclatante. Ce livre totalement inédit représente l’aboutissement de 15 ans de recherche. Attention, il reste encore des mascarets à découvrir, cherchez bien dans les pages ! Mascaret l’onde lunaire est disponible à la Fnac et Mascaret, prodige de la marée sur Passion nature au prix de 24,24€.