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Tout savoir sur les ailerons ou dérives de stand up paddle
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Tout savoir sur les dérives de Sup race par Christian Hermouet

Christian Hermouet partage avec nous son expertise très intéressante concernant les dérives sur un stand up paddle race.
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Il y a pour Christian le peuple de la mer et le peuple de la plage. Le peuple de la plage c’est l’homme de la vague qui déferle, le surfeur, quel que soit le support, planche à voile, surf, stand up paddle, etc. Le peuple de la mer c’est le marin, l’homme du large, de la houle, qu’on chevauche en bateau, en planche à voile et en Sup. Christian voyait déjà le monde comme cela il y a quelques lustres lors de mes rugissantes années de dériveur puis de windsurf ou seul le « speed Crossing » me motivait, la vitesse en mer, au large, loin des arabesques « pageuses », là où personne ne peut commenter vos « exploits ». Il n’oppose pas les pratiques, elles aboutissent juste à une vision du monde et donc du support différent qu’on utilise.

A partir de là, aller en mer sur un support avec un moteur aussi peu performant que le corps humain sans dérive est pour lui une hérésie, tant sur le plan théorique que pratique. Il va écarter d’emblée l’analogie avec le funboard et le catamaran car leur capacité à générer du vent apparent très rapidement et dans de grandes proportions, et donc leur capacité à naviguer sans dérive même en se rapprochant du lit du vent, n’illustre pas le débat. La comparaison va se limiter au dériveur et à la planche à voile à déplacement.

Essayez de naviguer sur un plan d’eau plat sur un dériveur sans dérive à une allure autre que le vent arrière. Quasi impossible, car vous n’équilibrez pas les différents centres de poussées (plan de voilure/safran). C’est encore pire en mer. Ça se tente mais les efforts qui s’exercent sur le safran sont colossaux et il devient très rapidement impossible de tenir la barre et le bateau part sous le vent irrémédiablement, même en modifiant les réglages du moteur (le gréement). L’usage d’une dérive est donc indispensable pour naviguer à une autre allure que downwind. On m’objectera que les efforts et les vitesses ne sont pas les mêmes en sup et c’est juste. Sauf que nous sommes sûr que ça vous rappelle quelques sessions délicates face ou travers au vent et aux vagues.

A partir de ce constat deux directions.
 Persévérer dans le voie de la planche sans dérive avec un travail sur la carène, l’emplacement et le type d’aileron ou passer à la planche a dérive.

On peut parfaitement naviguer sans dérive en Sup mais cela nécessite une très bonne technique de rame, une excellente condition physique, un Shape adapté, un emplacement d’aileron judicieux et l’usage de techniques canoës qu’on utilise pour réaliser un bac (traverser la rivière travers au courant). Hors quasiment toutes les planches de race ont un Shape et un emplacement d’aileron très en arrière excellent pour le surf en beach race ou le downwind mais peu adapté pour le reste de la pratique (sauf la descente de rivière). En effet plus la distance entre les centres de poussée (aileron et rameur) est grande plus la planche est molle (qui a tendance à partir sous le vent), ce qui est problématique travers ou une planche ardente (qui a tendance à remonter au vent) est préférable. Autre problème, travers la pression sur l’aileron augmente considérablement et la surface et le profil deviennent prépondérants. Comme tout le monde n’est pas Titouan, le petit aileron de race de 8 devient un nouveau problème.

Dès mes débuts en Sup Christian s’est trouvé confronté aux problèmes évoqués ci-dessus et il est devenu rapidement évident que l’usage de la dérive s’imposait. De leurs côtés ses amis Olivier Drut et Pierre de la Monneraie arrivaient à la même conclusion. Conclusions corroborées par l’immense architecte naval Bruce Faar (si vous ne le connaissez pas précipitez-vous sur la littérature à son sujet) qui a publié il y a quelques années les plans d’un sup à dérive. Toujours est-il que le premier modèle à dérive fut, une F-One 14×28 modifiée par Olivier et qu’a ce jour nous naviguons tous les trois sur des unlimited à dérive. Une 18 bois à simple bouchain pour Pierre, une 18 ronde pour Olivier et une 3Bay 16.4 plus classique pour Christian.

Deux systèmes de dérives existent.
La dérive sabre et la dérive escamotable. Pour Christian, sa préférence va au système escamotable à commande au pied qu’on trouvait sur les planches à voiles, mais sa mise en œuvre est compliquée pour un artisan shapeur aussi utilisons nous des dérives sabres qui coulissent dans un puit plus ou moins incliné vers l’arrière. Le problème de la dérive sabre réside dans le fait qu’il faut s’arrêter pour la retirer lors du passage en downwind, la remise en action dans une mer formée pouvant se révéler problématique. Olivier a expérimenté un système de relevage/descente avec l’aide de la pagaie, mais la dérive devient proéminente et même si une chute vers l’avant est rare cela peut vite tourner au cauchemar si on heurte 25cm de bois ou de carbone.
Où la placer si on opte pour un paddle à dérive et quelles dimensions ? 
Les deux problématiques sont liées : plus vous avancez la dérive devant la position de rame, plus celle- ci peut être petite. Surla 16.4 de Christian, elle se situe à 90/110 cm (suivant l’état de la mer) devant les pieds, pour 25 cm de profondeur et 9,5 cm de corde (largeur), comme si vous aviez un 11 de downwind sous la planche. Cette dérive est un aileron select vmax étêté et raccourcis. Patrice Remoiville (3bay commander in chief) a réalisé un puit de dérive en carbone moulé qui permet un calage parfait et évite l’usage d’un butoir pour éviter la perte par gravité. L’ensemble ajoute un kilo à la planche. On peut surement faire plus léger mais avec cette technologie on a du solide. Quand on navigue sans dérive, cela ne génère pas de turbulence, la surface du puit étant très inférieure à celle d’un rail US.

Quelle combinaison d’ailerons ?

Sur la 18 de Pierre un gouvernail est utilisé, sur la 18′ d’Olivier c’est un single incliné et sur la 16.4′ de Christian c’est un montage en trifin assez droit. Christian est un militant du tri fin parallèle (latéraux non pincés) en race, bien dosé ça ne pénalise pas la vitesse mais ça apporte une facilité appréciable en downwind. A la différence de Larry Allison les latéraux sont placés devant le central et sont de plus petite surface. L’arrière du rail central se situe à 90 cm de la poupe. Le montage en trifin permet en outre une multitude de combinaisons possibles en fonction du plan d’eau comme le double fin en rivière (c’est excellent et ça permet de passer dans peu d’eau). La distance entre l’aileron central et la dérive est de 220 cm. Le moteur (le rameur) se positionne donc à peu près à équidistance des appendices. Alternative à la dérive, le ventral fin, un petit aileron central place à 70 cm devant les pieds, concept popularisé toujours par Lary Allison.

C’est bien beau tout cela mais comment la planche se comporte-t-elle ?

C’est un autre monde qui s’ouvre devant vous, le terrain de jeu devient plus grand, la sécurité se trouve renforcée. On utilise la dérive à toutes les allures sauf grand largue (3/4 arrière) et vent arrière dès que la mer est formée, croisée ou qu’un changement de direction du vent pose problèmes pour rentrer au rivage. Vous vous concentrez juste sur la propulsion même si une petite partie de votre dépense d’énergie est affectée à rester debout. Mais c’est sans commune mesure avec la navigation sans dans une mer formée. Et puis si vous voulez faire du cruising grand confort on peut aussi l’utiliser par petit temps. C’est comme on veut quand on veut.

Conséquence annexe, on peut tenter des shapes plus audacieux mais plus rapides qu’on rendra praticables dans des conditions difficiles dès qu’on utilise la dérive. Ou concevoir des planches de grands cruising hyper confortables, sures et rapides (c’est le cas de ma 16.4′). Avec toutes les déclinaisons possibles entre ces deux extrêmes.

Alors pourquoi ne vois-t-on pas cet appendice se généraliser ?

La Fédération délégataire est la FFS, et on ne peut pas dire que le surf soit particulièrement porté sur l’innovation sur la planche de race car le surfeur est un homme de la plage. En outre le format des courses ne pousse pas dans ce sens, aussi Christian se limite au constat que même le trifins fut interdit. Plus surement il faut se tourner vers les industriels car, c’est tellement plus simple de produire une planche en single et avec des constructions « light ». Reste les shapeurs, certes peu nombreux mais capables de réaliser « autre chose ».

Merci à Christian Hermouet pour ce dossier très complet et n’hésitez pas à commenter et échanger ci-dessous.

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